TEXTES
L'ÎLOT
L’îlot
Ta source est mon berceau
Comme le moineau
Qui est dans le coco
Pis j’ai brisé l’œuf
J’m’en suis fait
Un bateau neuf
Sur lequel j’étais matelot.
T’es d’v’nue ruisseau
Quand j’devenais trop gros
Pour mon radeau
Que j’ai abandonné
Comme une paire de
Trop p’tits souliers.
J’ai dansé sur tes rives
Avec ceux qui y vivent…
Pis j’me suis éloigné
Vers les terres que
J’ai visitées…
Traversé des villages…
En m’pensant devenir sage
Car tout le jour
J’attendais la nuit.
J’suis allé voir plus loin
Si y avait pas moyen
D’calmer ma faim
Que je nourrissais de rêves,
D’illusions, d’besoins sans fond.
J’ai descendu tes rives,
Le ventre creux d’y vivre…
Mais la danse est finie
Pis les danseurs
Sont tous partis.
T’es d’venue une rivière
Pis moi, un solitaire
Qui voulait
R’naître entre tes eaux.
J’m’y suis garroché,
Un peu aveuglé,
Espérant trouver
Un bel oiseau bridé
M’attendant
Ailes déployées
Qui m’aurait survoler
Remous, cascades et rochers
Tes r’mous m’ont aspiré
Vers les cascades
Où j’ai roulé.
Tes rives s’sont écartées
Pis ton lit s’est creusé
J’y rêvais,
Encore assomé…
Comme y avait moins d’courant,
J’dérivais plus lent’ment
Vers l’océan
Qui houlait, avalant
Coco, moineau,rives et berceau
J’ai nagé contre-courant…
Trouvé par chance un ÎLOT,
Du bois pour
Fabriquer un radeau…
Du soir au matin
Une pleine lune
Baigne les dunes
‘Vec son halo
Comme un beigne
Au trou tout blanc
Mais tout en bas
Tout est dev’nu
Auréolé
Car on y voit
Comm’ dedans soi
On y entend
En se taisant…
Deux p’tites étoiles
Dansent vivement
Flamme qui vrille
Le noir fond de toile
D’un œil clignant
En bas la nuit
Repose sans bruit
En écoutant
Comm’ en coquille
Et contemplant
Comm’ en lentille
Miroir brillant
Trois lampes à l’huile
Éclairent douc’ment
La grande cuisine
Que chauffe le poêle
En ronronnant
Dehors le vent
Givre le temps
En s’appuyant
À la vitrine
Où se dessine
Sapins, collines
De sucre blanc…
Matin, soleil
S’éveillent levant,
Enrayonnant
Les yeux qui clignent
Éternuant
Et tout partout
Dedans, dehors
Tout vibre fort
Illuminant
De blanc et d’or
Comme un rayon
Nous adorant.
Les trois ours
Trois ours enrageaient
Dans une cage,
Une femelle, un gros,
Un petit mâle.
Z’avaient en tout,
Pour toute forêt,
Deux, trois billots
Coupés, couchés
Sur le ciment.
Sortait d’un p’tit tuyau
Un ruissellement
Qui épouss’tait la soif
Les excréments.
Le plus gros
Faisait sa loi
Pis c’était
Celle du plus fort.
En r’niflant
Chaque barreau
Y t’tassait
Le p’tit su’l’bord.
Face à face
Y s’dressaient
S’menaçaient
S’frappaient
Pis s’calmaient
Le temps d’un tour…
Pis r’commencaient
Tout l’temps du jour
Autorité veillait de près
À leur sécurité
Leurs griffes et leurs dents
A t’les avait arrachées.
Trois ours respiraient
Sous les feuillages
Une oursonne, un gros,
Un petit mâle.
Z’avaient pour eux
Toute la forêt,
Deux, trois montagnes
Plongeant
Dans l’océan
Et ronflaient en tombant
Mille torents
Emportant l’mal d’amour,
Le mal dedans.
Le plus gros
Avait c’qui faut
Pour imposer
Sa loi…
Mais comm’ y avait
Pas d’barreaux
Chacun vi-
Vait de droit,
Prenant place
Sous l’grand toit
Exploraient
Se r’trouvaient
S’éloignaient
Pour s’rapprocher
Pis s’raconter
Tout c’qu’y voyaient
Autonomie veillait de près
À leur vitalité
Leurs griffes et leurs dents
Arrêtaient plus d’pousser.
Mon vieux crayon
Mon vieux crayon qui coule
Lent’ment s’est tracé
Un sillon d’où déboulent
Des souv’nirs étouffés.
Dehors l’orage gronde
La chambre en est sombre
Mais la pluie tombe en trombe
Et claircit le fond d’l’air
Réveille la vie qui sommeille
Dans la terre qui s’ennuie.
Et j’vois tackés au mur,
Cartons d’allumettes
tarrottés…
Le fou en tourniquette
S’est lui-même couronné…
Empereur, soleil et sorcier,
Ermite, chariot, chevalier
Parcourent toute la vallée
En s’bousculant
Comme sable de sablier
Qui viendrait juste de tomber.
Mais l’mage court sous la lune
Fait tournoyer son épée
Cœurs et flambeaux s’allument
La roue s’est sablemouvantée
Ermite, chariot, chevalier
Se r’trouvent côte à côté
Tirent fortune, peine et charrue,
Traçant sillons sur sol nu
Où germent en force les fruits
De la terre qui survit
Aide-moi, mon vieux crayon
Rien qu’un coup d’main à r’tourner
Ma terre dans la vallée
Qu’j’ai à peine défrichée.
Soleil ! D’un coup, chasse l’ombre
Et du haut, lance en trombes
Tes rayons qui réchauffent,
Pénètrent et font battre
Le cœur fin prêt à naître
De la terre qui revit.
Les poissons vont au feu
Les poissons se racontent
Des histoires que tu prends
Pour des bulles qu’on entend
Éclater
Comme vagues qui brisent…
Et les vagues se creusent
Des tempêtes que tu prends
Pour montagnes qu’on entend
Claquer comme
Une voile sous la brise…
Et les voiles se dirigent
Vers les ports que tu prends
Pour des rives qu’on entend
Craquer comme
Un filet qui se brise…
Les filets ont lâché
Les poissons que tu vois
Disparaître qu’on entend
Battre d’ailes
Comme pigeons sur la brise…
Les pigeons se racontent
Des histoires que tu prends
Pour voyages que l’on voit
Cheminer
Comme nuages sous la brise…
Les nuages emportent
Les orages que tu prends
Pour des crises qu’on entend
Crépiter
Comme un feu sous la brise…
Et les feux éclairent
Les poissons et pourtant
C’est un jeu qu’on entend
Trembler comme
Une histoire qui se brise…
Tiguidou Pack-Sack
Je me nomme Wilbrod Sansouci
Mon canot su’l’dos
D’puis les Adirondacks
Tiguidou pack-sack
J’m’en vas donner la claque
Quand j’vas traverser l’lac
Qu’est creux dans l’milieu
Tiguidou pack-sack
Mais qu’l’eau est tell’ment claire
Qu’on voit l’sable dans l’fond
Je me nomme Wilbrod Sansouci
Mon canot sur l’eau
J’avironne le lac
Tiguidou pack-sack
J’m’en vas donner la claque
Pour semer le tic-tac
Qui blanchit les ch’veux
Tiguidou pack-sack
Le temps est tellement clair
Qu’on l’voit pu passer
Je me nomme Wilbrod Sansouci
À g’noux dans mon canot
J’grimpe la montagne à rame
Tiguidou pack-sack
J’m’en vas donner la claque
Pour voir d’en bas la cime
Pis verser pour me plonger
Tiguidou pack-sack
Dans l’lac qui est tellement clair
Qu’la cime s’mire dans l’eau
Je me nomme Wilbrod Sansouci
Mon canot plein d’eau
J’surnage sur le dos
Tiguidou pack-sack
J’m’en vas donner la claque
Par crête ou creux de houle
Me faut rester à flot
Tiguidou pack-sack
Quand j’en pourrai pu
J’coulerai jusqu’au fond
Je me nomme Wilbrod Sansouci
Ai coulé mon canot
J’nage vers le bord du lac
Tiguidou pack-sack
J’m’en vas donner la claque
Pour trouver le ruisseau
Qui d’vient gros torrent
Tiguidou pack-sack
Qui alimente le lac
Ou est nourri par lui
Je me nomme Wilbrod Sansouci
Les souliers pleins d’eau
J’traverse les Appalaches
Tiguidou pack-sack
J’m’en vas donner la claque
Perdu mes claques à l’eau
Pas d’quoi s’faire de souci
Tiguidou pack-sack
La nuit est tellement claire
Qu’on voit l’ch’min dans l’bois.
Délire en fièvre
C’est le printemps
Les bourgeons germent
Comme pas à pas
Monte la sève
Qui s’dégourdit
Et ton manteau
Garde tout au chaud
Tes souvenirs
Prêts à surgir
Les lièvres qui sautent en zig-zag
Les chèvres qui grimpent la montagne
Tes lèvres qui courent sur ma peau
J’en ai comme fièvre
Un frisson dans le dos
Dev’nant chaude sève
Dans les os
Temps chaud est là
Qui changent cristaux
En gouttes d’eau
Et la pluie tombe
Sans parapluie
Sur ton manteau
Qui garde au chaud
Les souvenirs
De nos désirs
Les lièvres qui sautent en zig-zag
Les chèvres qui grimpent la montagne
Tes lèvres qui courent sur ma peau
J’en ai comme fièvre
Un frisson dans le dos
Dev’nant chaude sève
Dans les os
Aux jours d’automne
Feuilles frissonnent
Dessous tes pas
Et leurs sœurs tombent
En confettis
Sur ton manteau
Qui garde au chaud
Feuilles à dormir
Terre à couvrir
Les lièvres qui sautent en zig-zag
Les chèvres qui grimpent la montagne
Tes lèvres qui courent sur ma peau
J’en ai comme fièvre
Un frisson dans le dos
Dev’nant chaude sève
Dans les os
Par les temps froids
Neige s’effondre
Dessous tes pas
Les cristaux tombent
Au ralenti
Sur ton manteau
Qui garde au chaud
Tes souvenirs
En devenir
Les lièvres qui sautent en zig-zag
Les chèvres qui grimpent la montagne
Tes lèvres qui courent sur ma peau
J’en ai comme fièvre
Un frisson dans le dos
Dev’nant chaude sève
Dans les os
Le faux rendeux-vous
Tu n’as fait qu’parler de nous
De politique, de tous et tout,
La droite qui se gauchit
Et la gauche maladroite
Le centre qui s’engraisse
Les bourgeois qui s’oppressent
‘Vec des idéaux pleins d’grand mots
Aux accords qui sonnent faux
Mais t’étais même pas foutue
D’respecter un rendez-vous
Tu n’as fait qu’parler de tout
Des mondes qui tournent en rond
De notre asile de fous
Aux gens à tête de clou
À la parole sans fond
Qui rongent nos tréfonds
Et présentent le mensonge
En guise de vérité
Mais t’étais même pas foutue
D’respecter un rendez-vous
Y avait rien qui t’obligeait
À m’fixer un rendez-vous
Pis d’me dire que ce soir-là
T’aurais voulu me voir là
Moi, je n’ai rien perdu
Sauf un tout mince espoir
Qui était au fond un accroire
La seule chose qui était vraie
C’est qu’t’étais même pas foutue
D’respecter un rendez-vous
Le reel des piasses
Veux-tu dev’nir millionnaire
Que j’lisais dans’ p’tites annonces
Envoye-moi rien qu’un dollar
J’te dirai comment faut faire
Pour être bienheureux sur terre
Swing les piasses en liasses
Dans l’fond du coffre du char
Les mines de la Côte-Nord
Sont pas vidées encore
Swing les liasses de piasses
Dans l’char au fond du coffre
Les ruines de la Côte-Nord
Sont pas construites encore
J’voulais dev’nir millionnaire
Car montait le prix du gaz
J’envoyai même deux dollars
Croyant faire la bonne affaire
Pour être plein aux as sur terre
Swing les piasses en liasses
Dans l’fond du coffre du char
Les mines de la Côte-Nord
Sont pas vidées encore
Swing les liasses de piasses
Dans l’char au fond du coffre
Les ruines de la Côte-Nord
Sont pas construites encore
J’me voyais déjà millionnaire
À misère trouvant réponse
Deux dollars six pieds sous terre
F’raient pousser plein d’billets verts
Pour m’en faire bénéficiaire
Swing les piasses en liasses
Dans l’fond du coffre du char
Les mines de la Côte-Nord
Sont pas vidées encore
Swing les liasses de piasses
Dans l’char au fond du coffre
Les ruines de la Côte-Nord
Sont pas construites encore
J’rêvais encore à mon champ vert
Quand une lettre du gars d’l’annonce
M’répondait pour deux dollars
Qu’j’avais juste à comme lui faire
Pour dev’nir un jour millionnaire
Swing les piasses en liasses
Dans l’fond du coffre du char
Les mines de la Côte-Nord
Sont pas vidées encore
Swing les liasses de piasses
Dans l’char au fond du coffre
Les ruines de la Côte-Nord
Sont pas construites encore
Frais venu en ville
Frais venu en ville
Par le dernier train
Les sourcils pleins d’sable
Engrisaillaient ses yeux
Fronçaient l’front des gens
Aux fenêtres et galeries
Qui n’avaient rien à lui dire
Qu’est-ce qu’y s’en vient faire
Ou s’y fait juste passer
Y hérite p’têt ben d’la terre
Ous’qu’nos bœufs s’en vont brouter
Commande une bière au bar
Où y v’nait juste de s’asseoir
Jeux d’cartes restent tous en l’air
Fumée d’cigare aussi
Le gars du comptoir tousse
Vient d’avaler d’travers
Une chance qu’y avait rien à lui dire
Qu’est-ce qu’y vient faire icitte
Ou si y fait juste passer
Y a p’têt un alambic
Qui fabrique d’l’alcool frelaté
Le plus gros « toff » d’la place
Se lève et lui demande
« Veux-tu mon poing dans’ face ? »
Histoire de montrer qui est l’plus fort
Certain que j’le veux pas
Mais pose-moi d’aut’ questions
On dirait qu’t’as plus rien à dire.
Qu’est-ce que je m’en viens faire
Ou si j’fais juste passer
J’hériterais pas de la terre
Ous’que tes bœufs s’en vont brouter
Le reste d’la journée s’passe
Sans rien grand d’neuf qui s’passe
L’nouveau venu en ville
Y avait pas encore pris racine
Ses anciennes étaient lasses
À force de forer dans la mine
Qui n’avait presque plus rien à dire
Qu’est-ce que je m’en viens faire
Je reste pas, juste passer
J’hérite de bœufs sans terre
Pis j’me d’mande vers où les m’ner
Une fille d’la montagne passe
À cru sur sa jument
Cheveux, vêtements pleins d’poussière
Enrayonnaient ses yeux
D’un coup elle saute à terre
Marche d’un pas lent et sûr
Su’l’coup, y savait pu quoi dire
Qu’est-ce que tu t’en viens faire
Comme moi juste passer
Monte tout près d’moi derrière
Jusqu’à demain on va trotter
CRAQUE L'ALLUMETTE
Le visage assoiffé de tendresse
Aux murs du fort
Fusil à l’hanche
Veille le gardien
Qui tourne en rond
Attend l’renfort
Pour la revanche
Des chats contr’chiens
Qui font l’dos rond
Le visage assoiffé
de la tendresse
De l’âme et du corps
Fait que l’âge se tresse
Une corde passeport
Pour traverser la mort
Dans un décor
De voûte en branches
Dans un jardin
Les papillons
Aux ailes d’or
Noires ou blanches
Sont les gardiens
D’un p’tit buisson
Le visage assoiffé
de la tendresse
De l’âme et du corps
Fait que l’âge se tresse
Une corde passeport
Pour traverser la mort
Chasse au trésor
Qui tient le manche
De nous au fond
Nous trouverons
Les pépites d’or
Dont l’éclat tranche
Sur les temps morts
Que nous traînons
Le visage assoiffé
de la tendresse
De l’âme et du corps
Fait que l’âge se tresse
Une corde passeport
Pour traverser la mort
Du pain encore
Sur notre planche
Avec le vin
Que nous boirons
En jouant l’accord
Qui nous épanche
Comme un petit lien
Qui devient pont
Le visage assoiffé
de la tendresse
De l’âme et du corps
Fait que l’âge se tresse
Une corde passeport
Pour traverser la mort
C’est à ses fruits
Qu’on juge l’arbre
Et à ses cris
Qu’on nomme l’oiseau
Du fond du puits
Visage s’alarme
Quand au-d’ssus d’lui
Le soleil luit
Le visage assoiffé
de la tendresse
De l’âme et du corps
Fait que l’âge se tresse
Une corde passeport
Pour traverser la mort
C’qui reste à faire
Tu m’l’as pourtant dit
Chauffer l’hiver
Maintenant, ici
Et puis choisir
De perdre le choix
Voilà la vie
Comme je la vois
Le visage assoiffé
de la tendresse
De l’âme et du corps
Fait que l’âge se tresse
Une corde passeport
Pour traverser la mort
Craque l’allumette
Les deux pieds nus dans la blanch’neige
Une petite fille aux yeux trop grands
Tendait les mains vers le cortège
Des gens soufflés par le vent
Qui pressaient l’pas chacun chez soi
Du pas d’la porte de l’opéra
Quelques allumettes pour toute fortune
La petite fille au visage blanc
Tâchait d’les vendre l’autr’après l’une
À quelques fumeurs impatients
Qui discutaient très peu du prix
Faisait trop froid dans le fond d’la nuit
Craque l’allumette p’tite fille craque la
C’que tu souhaites tu l’vois là-bas
Craque l’allumette p’tite fille craque la
Ce qui t’inquiète tu l’vis déjà
Un soir qu’elle n’avait rien vendu
Une flamme dans l’air au bout d’ses doigts
Lui embrasa l’âme et la vue
D’un clair appel de l’au-delà
Qui sous les traits de sa grand-mère
Lui ouvrait tout tout grand les bras
La p’tite fille aux allumettes
Passa la nuit à voir passer
Les comètes filer la navette
Entr’les planètes pour annoncer
Qu’une âme au ciel venait d’entrer
Comme une chandelle qu’on n’peut souffler
Craque l’allumette p’tite fille craque la
C’que tu souhaites tu l’vois là-bas
Craque l’allumette p’tite fille craque la
Ce qui t’inquiète tu l’vis déjà
Elle craqua l’reste des allumettes
Qui maintenant n’se vendraient plus
Car dans l’heure même perdit d’vue
Morsures d’hiver sur ses mains nues
Et vit d’en haut sa silhouette
Sous la blanche neige couvrant la rue
Craque l’allumette p’tite fille craque la
C’que tu souhaites tu l’vois là-bas
Craque l’allumette p’tite fille craque la
Ce qui t’inquiète tu l’vis déjà
L’air perdu
J’ai retrouvé un air perdu
Qui sommeillait en attendant
Que je le cherche et le réveille
Et je cherchais un peu d’air frais
Moulant le temps à me d’mander
Si respirait ma mélodie
Cinq ou six notes virevoltantes
En grand’roue d’foire m’ont invité
Monte avec nous faire un peu l’fou
On s’fait accroire et on y croit
On monte très haut assez lent’ment
Puis on r’descend trop rapid’ment
Ça va pas loin mais c’est tout comme
Ça part à droite arrive à gauche
Ça tourne en rond pis ça r’commence
Donc j’suis monté comme en portée
Perdu ma clé mes sens su’l’sol
Sembl’qu’en voyage moulin sans porte
Mais en voyage maison s’emporte
Comme un mirage qui s’rait ton toit
Que tu souhaites où que tu ailles
Tu es l’moulin qui fait l’ouvrage
De moudre le grain pour faire le pain
Calmant la faim de tes rouages
Et tu grandis en respirant
Inspires et souffles fol air du temps
Que tu relances dans ton chant
Et tu chantais semailles au vent
Sans qu’tournent les pales de ton moulin
Meules qui râlent meunier sommeille
J’ai retrouvé un chant perdu
Qu’j’ai entendu comme en écho
En relevant meunier su’l’dos
Cinq ou six notes lui ont donné
Un rendez-vous sur la grand’roue
Pour qu’moulin chante que sa meule moule
Pétales de jeunesse
Pétales de jeunesse
Tombées sur le pavé
Inutiles, balayées
Comm’verres de vin brisés
Seul un bouton reste
Si recroquevillé
Que l’on dirait presque
Qu’il se ferme le matin
Quand la ruche s’éveille
Et se met à rugir
Bacchanale d’ivresse
Sous le ciel qui t’enfouit
Son fantôme qui erre
Dans le noir caresse
Ton feu presque cendre
Qui couve sous terre
Quand tu n’distingues plus guère
Le jour de la nuit
Le temps parti qui passe
Et celui à venir
Lame de tristesse
Dont la pointe au soleil
Éclabousse en miroir
Ton œil sourd-muet
Mais tu crées les promesses
D’Alice aux merveilles
Et pistant tout l’espoir
Blanchi comme craie
Tu te fixes et dessines
Un jardin à fleurir
Les abeilles en kermesse
Plongent entre les pétales
Récolte à semer
Naître, mourir et fleurir
Seul un instant reste
Pétales de jeunesse
Qui s’ajoutent au passé
S’agrippent à d’venir
Corolle à éclore
Dans un champ à cueillir
Les pensées
* Musique d’Yvan Miron et Pierre Guérin
Les pensées perchées aux branches de mon cerveau
Comme sur l’arbre où les oiseaux s’passent le mot
J’en approche et passe là où l’ombre tombe doucement
Sur un coussin de mousse tant douce aux pieds
Je voudrais y rester ne serait-ce que le temps
De reposer mes pieds terre à terre sans souliers
Puis de laisser le vent me dire à l’oreille
Ce qui se passe dans…
Les pensées perchées aux branches de mon cerveau
Comme sur l’arbre où les oiseaux s’passent le mot
J’en approche et passe là où l’ombre tombe doucement
Sur un coussin de mousse tant douce aux pieds
Il est temps d’y aller en m’disant que j’trouv’rai
Quelquefois pour mes pieds de la mousse dans mes souliers
Puis je dirai au vent qu’il dise au soleil
Ce qui se passe dans…
Les pensées qui s’envolent des branches de mon cerveau
Comme de l’arbre où les oiseaux s’passent le mot
Je m’en vais au loin où l’ombre tombe doucement
Sur un coussin de mousse tant douce aux pieds
Sur un coussin de mousse tant douce aux pieds
Au loin dans les Andes
Au loin dans les Andes
Par cols à légendes
Et rivières à r’mous
Cheminent les offrandes
Vers les dieux jaloux
Qui depuis toujours
Réclament de chaqu’jour
Les cœurs, les raisons
Pour après les r’lancer
Au plus profond
D’un tourbillon
Dont on n’voit le fond
P’tit train veut s’y rendre
Suant à se fendre
Tant qu’les passagers
Saut’de chaque côté
Pour que puisse grimper
Ce vieux four roulant
De plus en plus lourd
Qui s’rait aussi sourd
Que l’acharnement
De ses occupants
Préoccupés
À l’pousser devant
Puis une fois rendu
Au bout tout fourbu
Vient l’temps de glisser
Tremblant que tous les
Freins viennent à manquer
Comme un drôle de tour
l’humour grinçant
Que les dieux du jour
F’raient com’ça pour s’en
Donner un élan
Tout en frisant
Le déraillement
Au loin dans les Andes
Par cols à légendes
Et chutes à flots flous
Les pèlerins se rendent
D’l’autre bord des remous
Qui depuis toujours
Emportent l’amour et
Rend’pèlerins sourds
Au train plein d’élan
Qui comme l’ouragan
Tourbillonnant
Saute hors de l’écran
Si j’étais resté là-bas
Si j’étais resté là-bas
J’y serais peut-être encore
Mais la tempête s’éleva
Brisa chaîne de l’ancre
C’qui délivra le corps
D’un voilier qui joint l’port
Où sirène l’appelle au bord
Si j’étais resté là-bas
J’y serais peut-être encore
Mais ton souffle s’emmêla
Au vent tireur de sort
C’qui me poussa vers toi
Comme un voilier qui joint l’port
Où sirène l’appelle au bord
Si j’étais resté là-bas
J’y serais peut-être encore
Mais ta voile se gonfla
Mon chant s’en fit départ
Comme la coque chargée d’or
D’un voilier qui joint l’port
Où sirène l’appelle au bord
Si j’étais resté là-bas
J’y serais peut-être encore
Mais une belle femme à nageoire
Appella sur elle le sort
De poser les pieds à bord
D’un voilier qui joint l’port
Où sirène l’appelle au bord
Si j’étais resté là-bas
J’y serais peut-être encore
Le joint universel
Cœur détourné, rêves étirés
Au point d’rupture qui creuse sous l’mur
Pour se r’trouver dans la grand’rue
Qui continue de mettre à nu
Le joint universel qui brûle
Et bat de l’aile par les deux bouts (bis)
Cœur empêtré, rêves sont coincés
Entre deux murs où t’es moins sûr
Des murmures à bâtons rompus
Et l’nom d’la rue où tu as bu
Le joint universel brûlé
Battre de l’aile par les deux bouts (bis)
Cœur émietté, rêves racolés
Par des soudures qui n’tiennent plus dur
Que la rupture au long d’la rue
Des pas perdus qui est dev’nue
Le joint universel qui brûle
Et bat de l’aile par les deux bouts (bis)
Le joint universel qui brûle
Et bat de l’aile par les deux bouts (bis)
Cœur enflammé, rêves en fumées
Clair obscurés qui transfigurent
Toutes les brisures en ces figures
Malentendues où tu as vu
Le joint universel brûlé
Battre de l’aile par les deux bouts (bis)
Le joint universel brûléBattre de l’aile par les deux bouts (bis)
Tout c’qui faut
Une corne d’abondance
Que tu serres dans tes bras
S’remplit de la conscience
De chacun de tes pas
Dont se souviennent les pierres
Dont la tête sort de l’eau
Le long de la rivière
Remplie de
tout c’qui faut
tout c’qui faut
tout c’qui faut
tout c’qui faut
tout c’qui faut
Une corne d’abondance
Qui plonge en entonnoir
S’remplit d’l’espace immense
Où lève son pain l’histoire
Dont se souviennent les pierres
Dont la tête est sous l’eau
Le long de la rivière
Remplie de
tout c’qui faut
tout c’qui faut
tout c’qui faut
tout c’qui faut
tout c’qui faut
Une corne d’abondance
Que tu portes sur le dos
S’remplit de tout l’silence
D’une image de mille maux
Dont se souviennent les pierres
Tantôt sèches ou dans l’eau
Le long de la rivière
Remplie de
tout c’qui faut
tout c’qui faut
tout c’qui faut
tout c’qui faut
tout c’qui faut
LA ROSE DES SABLES
Bidonville Bidonville
Bidonville Bidonville
S’en viennent toutes les
Saintes familles
Vers la grande ville
Qui brille comme
L’étoile des bergers
Bidonville Bidonville
Chaque jour s’empilent
Par coups de mille
Un lot de tout
Nouveaux bidons
Qui sonnent avides
Bidonville Bidonville
Comme réservoir
Pour quand la pluie
se fera si rare
Qu’il faudra boire
À sa mémoire
Bidonville Bidonville
Tant mal que bien
Veut se remplir
De l’avenir
Grappé au train
Par une seule main
Bidonville Bidonville
Au bout de la file
Pour brancher le fil
Sur le poteau
Comme pour en faire
Un écheveau
Bidonville Bidonville
Question de semaines
La cour sera pleine
Au point qu’on
Appellera ville
L’immense plaine
Bidonville Bidonville
T’arrives en ville
Avec l’idée
Qu’ici au moins
Tu te feras moins de bile
Vu que c’est plus loin
Bidonville Bidonville
Qui l’aurait cru
J’arrive en ville
Quelque mille milles
Sur la même rue
Qui continue
Bidonville Bidonville
S’en viennent toutes les
Saintes familles
Vers la grande ville
Qui brille comme
L’étoile des bergers
Bidonville Bidonville
Chaque jour s’empilent
Par coups de mille
Un lot de tout
Nouveaux bidons
Qui sonnent avides
Bidonville Bidonville
Qui l’aurait cru
J’arrive en ville
Quelque mille milles
Sur la même rue
Qui continue
Au revoir autant qu’adieu
Parti par un matin gris
Pour t’enfouir dans la mémoire
Tout aux confins de l’oubli
Où luit ton brin de l’histoire
Dans les cheveux de la comète
Où tu pries qu’elle fasse le vœu
Que ceux-là qui passent ou restent
Disent au revoir autant qu’adieu
Avant d’en venir au point
Dans la croisée des chemins
Tu ne pus plus contenir
Le soupir de revenir
Sur les pas de la comète
Où tu pries qu’elle fasse le vœu
Que ceux-là qui passent ou restent
Disent au revoir autant qu’adieu
Car afin de traverser
Le champ de mines de tes années
Tu fis le grand saut dans l’abîme
Comme big bang dans un chant du cygne
Envolé vers la comète
Où tu pries qu’elle fasse le vœu
Que ceux-là qui passent ou restent
Chantent au revoir autant qu’adieu
Dès que les plombs t’eurent mordu
Par les trous l’âme s’envola
De ton corps à peine perdu
Qu’au soir on retrouva là
Et te voilà sur la comète
Où tu pries qu’elle fasse le vœu
Que ceux-là qui passent ou restent
Disent au revoir autant qu’adieu
T’aurais pu aller dormir
Au lieu d’en venir à te dire
Que le meilleur a peu d’avenir
Quand le pire s’arrache l’empire
Comme les cheveux de la comète
Où tu pries qu’elle fasse le vœu
Que ceux-là qui passent ou restent
Disent au revoir autant qu’adieu
Avant de te réveiller
Là où veillent tous les esprits
Dont les yeux tout étoilés
Ne pleurent plus parce que taris.
Dans les cheveux de la comète
Où tu pries qu’elle fasse le vœu
Que ceux-là qui passent ou restent
Disent au revoir autant qu’adieu
La rose des sables
Une flamme qui luit
Comme un fruit mûr
Un lierre s’appuie
Pour sauter le mur
Quand le vent court
Sans une goutte d’eau
Pour qu’une fleur pousse
Sans peur de la faux
Refrain :
À la manière des grains de sable
Qui vont se faire
Une rose des sables
Impérissable
Dans le désert
Une langue vivante
Comme l’est l’eau vive
Remonte la pente
Le long des rives
Du fond de la source
Rêve de jaillir
Vers la Grande Ourse
Qu’elle veut cueillir
Refrain
Toutes les couleurs
Comme une seule âme
Autour de la flamme
Tombent toutes d’accord
Pour que les corps
Rendent à ces âmes
Leurs battements de cœur
Qui s’ouvrent en fleur
Refrain
Renonce à toujours renoncer
Châteaux de cartes
Soufflés de la carte
Comme par oubli
Qu’ils furent bâtis
Par ceux-là qui
Voguèrent ici
Que le temps d’y
Ancrer nos vies
Refrain :
Une lettre d’amour
Sous l’abat-jour
T’a dévoilé
Mon cœur atout
Qui renonce toujours
À renoncer
Châteaux de cartes
Soufflés de la carte
Ne restent que les
Cages d’escalier
Malgré que les
Murs soient tombés
Tous les gens s’y
Sont engouffrés
Refrain
Châteaux de cartes
Soufflés de la carte
Dans les débris
Les beaux habits
Des rois et reines
Partis à peine
Après les douze
Coups de minuit
Refrain
Écho
Instrumental
Belle demoiselle
Belle demoiselle, t’ai-je bien vue
Flotter entre la mer et le ciel
Et m’ensorceler le réel
Aux deux bouts de ma longue-vue
Belle demoiselle, belle méconnue
Dont le corps à l’eau de mer
Me rappelle celle
Qui me ramena du septième ciel
Au fond de ma double vue
Refrain :
J’aimerais aussi
Être bienvenu
Autant que toi qui
Se loves dans ma vue
Comme au creux du nid
Où tu serait élue
Belle demoiselle, soit bienvenue
Sans toi la terre ne serait
Qu’une chandelle
Sans plus de flammes
Que d’étincelles
Ni but, ni fin, ni début
Belle demoiselle, on s’est reconnu
À la croisée des parallèles
J’ai fait pour nous cette ritournelle
Nous encore à corps perdus
Refrain
Contenu de l’onglet
Mon cœur se brise encore
Mon cœur se brise encore
Pas pour la première fois
Le ciseau taille la pierre
Dont les éclats retombent
Et se mêlent à la terre
Mon cœur se brise encore
Par moi ou bien par toi
Le ciseau taille la pierre
La poussière devient moins sombre
Quand l’étincelle troue l’air
Refrain :
Dans une claire aurore
Je vois de nouveau le trésor
Du mystère qui persévère
Pour la joie que j’espère encore
Mon cœur se brise encore
Et me laisse entendre la voix
D’une coquille dans la pierre
Qui murmure sur son onde
Le rugissement de la mer
Mon cœur se brise encore
Comme volent les tuiles d’un toit
Quand la loi de la pierre
Me rappelle que pour faire l’ombre
Faut d’abord la lumière
Refrain
Mon cœur se brise encore
Sans ni raison ni tort
Ni le choix de l’heure où
Le portrait d’un sculpteur
Apparaît dans la pierre
Mon cœur se brise encore
En casse-tête éclaté
Qui surgit du passé
Afin que les morceaux
Soient de nouveau rassemblés
Refrain
Tourelou (Petit Loup)
Bien que tu doives partir
Puis revenir à tire-d’aile
Pour me tendre le cou
Dont le goût me reprend
Refrain :
Tourelou
Cœur qui bout
Petit Loup
T’aime beaucoup
Tourelou
Cœur qui bout
Petit Loup
T’aime beaucoup
Et ne fais que sentir
Du tréfonds les battements
De ton pouls que je sens
Me dire tout du dedans
Refrain
La pleine lune est montée
Sur la dune d’où P’tit Loup
Comme un fou pour t’appeler
Hurle à cou déployé
Refrain
Que tu sois près de moi
Ou à l’autre bout du monde
Sonne l’heure où nos cœurs
Se confondent à la ronde
Refrain
Ce soir entre chien et loup
Me revient dans le ventre
Ce refrain qui est un
Billet doux de ta main
Refrain
John Quidam
John Quidam qui
Longe les vitrines
Les poches avides
De ses deux mains
Refermées comme
Deux poings de vide
John Quidam qui
Traverse la glace
D’où il se vit
Sur le point de prendre
Tout ce qui n’aurait
Pas pris de place
John Quidam qui
Va pas à pas
Où le vent le pousse
Sur la pente douce
Au long de la rue
Des pas perdus
John Quidam qui
Ouvre grand les yeux
Comme s’il voyait
Le vent rouler
Les feuilles rouillées
D’avant la gelée
Refrain :
Aller-retour
Dessus dessous
V’là John Quidam
Qui macadam
Aller-retour
Dessus dessous
V’là John Quidam
Qui vague à l’âme
John Quidam qui
Rêve éveillé
Que lui aussi
Retourne marcher
Sur l’air d’aller
Vers d’autres pavés
John Quidam qui
Emplit la vue
De l’aube au soir
Un pied dans’ rue
Et l’autre sur
La chaîne de trottoir
John Quidam qui
Se fait damer le croupion
Un jour depuis
Que furent soufflés
Ses lampions
John Quidam qui
Ne peut donner plus
Que ce qu’il reçut
Et la seule chose
Qu’il eut à lui
C’est ce qu’il fut
Refrain
Coucou
Quand il est en rut
Il peut tirer deux
Coups toutes les minutes
Les mains sur les yeux
Il étire le cou
Puis s’écrie coucou
Il étire le cou
Puis s’écrie coucou
Après ces culbutes
S’éteignent les feux
Vaincue est la brute
Dont le cul heureux
Couronne le tout
D’un coup de grisou
Couronne le tout
D’un coup de grisou
Arômant la hutte
De vents amoureux
Sont-ce bourdons d’un luth
Qui jouent d’un air pompeux
Et ferait faire la moue
À une bouche d’égout
Et ferait faire la moue
À une bouche d’égout
L’ange a pris sa chute
D’un plongeon joyeux
La bête il percute
De son prodigieux
Joujou de caillou
Et sac à bijoux
Joujou de caillou
Et sac à bijoux
Un petit air de flûte
Le voilà reparti
À valser volutes
Pour que jaillisse de lui
Un essaim de cons
Qui grouillent par millions
Un essaim de cons
Qui grouillent par millions
Quand ils seront en rut
Pourront tirer deux
Coups toutes les minutes
Les mains sur les yeux
S’étireront le cou
S’écrieront coucou
S’étireront le cou
S’écrieront coucou
Marie T
Marie T
Marie T
En robe verte
A surgi
Sur le pas
De sa porte
Grande ouverte
Son sourire
Fit pâlir
Les rayons
De midi
M’avait dit
Dans sa lettre
Va falloir
Que tu passes
Un de ces soirs
Et le reste
Refrain :
À vouloir rattraper
L’horizon
Le cœur en
A perdu
La raison
À vouloir
Rentrer à
La maison
Le cœur se
Retrouve à
Sa façon
Marie T
L’avenir
M’a promis
De le lire
Au creux de
Ma tasse de thé
Après que
J’en eus bu
Au moins deux
Sinon plus
Et que je lui eus
Pris la main
Pour y boire
L’eau salée
D’au fond de
La vallée
Refrain
Marie T
Les pieds nus
Rejoignit
Le milieu
Du lit clair
D’un petit ru
Et s’enfouit
Dans ma vue
Pour n’en plus
Ressortir
M’avait dit
S’il te reste
Souvenir
Viens me le dire
En ce lieu
Qui nous reste
Refrain
Marie T
En robe verte
A surgi
Sur le pas
De sa porte
Grande ouverte
Son sourire
Fit pâlir
Les rayons
De midi
M’avait dit
Dans sa lettre
Va falloir
Que tu passes
Un de ces soirs
Et le reste
Refrain
L’océan monte (pour une seule pierre à l’eau)
Venus à la vie le temps d’un frisson
D’où jaillit l’écume et tous les poissons
L’agi et l’agent posent la même question
D’une seule et même voix dont l’écho répond
Que l’océan monte pour une seule pierre à l’eau
Chaque océan s’entremêle au suivant
Et se murmure au creux des coquillages
Qu’au temps venu de jaillir en nuages
Ils pourront voir encore mieux de là-haut
Que l’océan monte pour une seule pierre à l’eau
Quand la partie baigne en contenant le tout
Comme si la lune plongeait dans l’océan
Sa figure de proue trouée de cailloux
Pour dire qu’elle a tout le temps et surtout
L’océan monte pour une seule pierre à l’eau
Quand la vie monte et tombe en dents de scie
À s’épuiser le contenu des puits
L’agi et l’agent se mirent la figure
Pour se souvenir au fur et à mesure
Que l’océan monte pour une seule pierre à l’eau